NBA: On a retrouvé Moïso
Sur son talent, grâce aussi à un physique de colosse (2,08m), Jérôme Moïso, 29 ans, devrait encore être en NBA aux côtés des Parker, Diaw et autres.
L'un des premiers joueurs Français à mettre les pieds au sein de la Ligue nord-américaine, drafté très haut (11e) par Boston en 2000, a souvent été considéré comme un joueur très doué... mais qui n'a jamais pu faire étalage de ses énormes qualités.
Régulièrement montré du doigt pour son manque d'ardeur au travail, le Guadeloupéen, parti faire ses humanités aux USA sur le prestigieux campus d'UCLA, n'a jamais trouvé chaussure à son pied en NBA. En six ans, il a porté les maillots de... six franchises différentes, livrant au total plus de 200 matches. Dont un tour de play-off plutôt réussi (6 points, 4 rebonds et 2 contres de moyenne en 15 minutes) avec La Nouvelle-Orléans, New Orleans, en 2002-2003.
Cette saison-là -sa meilleure- Jérôme Moïso avait disputé les deux tiers du championnat régulier et semblait en mesure de s'imposer rapidement. Il n'en a rien été, son temps de jeu s'étiolant de plus en plus pour se terminer par des "ten days contracts" avec les Nets puis les Mavs jamais convaincus.
Contrairement à certains de ses compatriotes (Gelabale, Petro...), qui persistent peut-être dans l'erreur en NBA, Moïso s'est résolu à revenir en Europe à l'automne 2006. Après quelques balbutiements supplémentaires dans la ligue italienne, sa présence intimidante sous les cercles et son registre éprouvé de pivot défensif ont séduit le Real Madrid. En Castille, Moïso l'intérimaire (12 matches à 9 minutes seulement) a participé à la conquête du titre national.
Mais, surtout, il s'est, sans le savoir, rapproché d'un coach espagnol qui suit ses évolutions de longue date. L'homme s'appelle Aïto Garcia Renenses, il dirige la Joventud de Badalone (1ère div.) en Catalogne et a en quelque sorte sauvé la carrière de Moïso en l'appelant auprès de lui au début de cette saison.
C'est donc là, en banlieue de Barcelone, qu'on retrouve une trace plus nette du passage de cet espoir déçu qui semble renaître à la vie.
"Pour comprendre Jérôme, il faut savoir que, chez lui, le mental conditionne tout, le physique et la technique. Concentré, il peut vraiment jouer très bien car ses qualités physiques sont très au-dessus de la moyenne" note l'entraîneur espagnol. Avant d'ajouter, un brin sceptique: "Mais Jérôme peut aussi perdre cette concentration pendant plusieurs semaines et je crois que, par le passé, tous ses problèmes sont venus de là."
Avec Badalone, Moïso vient d'enlever la Coupe du Roi, trophée majeur en Espagne. En attendant peut-être mieux...
AP