Sans adresse, point de salut. Indispensable en basket-ball, quel que soit le niveau de pratique, cette qualité est pourtant le paramètre le plus difficile à maîtriser, même chez les meilleurs basketteurs du monde.
Ainsi même Tony Parker, plus grand joueur français de l'histoire, All-Star NBA et parti contre Cleveland en chasse d'une troisième bague de champion, a toujours eu des problèmes de régularité avec ses shoots à longue distance.
Cette saison, le meneur de San Antonio tourne à 39,5% de réussite à trois points (et 78,3% sur la ligne des lancers francs), soit ses meilleures moyennes en six ans dans la ligue nord-américaine. Mais il n'en a pas toujours été ainsi. "J'avais des problèmes, d'ordre technique surtout", convient l'intéressé qui a vu son employeur se pencher sérieusement sur le problème.
Depuis deux ans, les Spurs de San Antonio emploient à plein temps un "shooting coach" chargé de redresser la courbe d'adresse du joyau français. L'affaire a pris toute son importance lors de la signature du nouveau contrat de T.P., soit la bagatelle de 66 millions de dollars sur six ans. A ce prix-là, rien ne peut être laissé au hasard: Chip Engelland, ancien modeste joueur de ligue mineure, a donc débarqué au Texas.
Devenu un spécialiste reconnu aux Etats-Unis, ce professeur de la mécanique du tir était, sur les parquets de la CBA, un véritable phénomène de foire, capable de boucler sa carrière à plus de 50% de réussite moyenne dans les tirs primés. Dont une année senior en NCAA au-delà des 55% sous le maillot de Duke! Même s'il refuse obstinément l'étiquette de "docteur du shoot", Engelland est donc vite devenu le conseiller privilégié de nombreux joueurs NBA, dont Steve Kerr, Juwan Howard ou encore Grant Hill. Excusez du peu...
Avec Parker, il mène un travail plus global et en profondeur selon les voeux de Gregg Popovich, l'exigeant coach de la franchise texane, qui apprécie "la crédibilité et la somme de connaissances emmagasinées par Chip". Tony Parker mesure également les bienfaits de cette démarche: "J'avais un problème général d'équilibre, de placement des mains sur le ballon. Il m'a fallu tout reprendre: le positionnement des jambes, du corps et, aujourd'hui, je sens que ma technique est meilleure. Je suis plus constant au tir et c'est agréable pour le mental".
Aux yeux de Chip Engelland, Parker devra encore s'astreindre à une année de boulot car, "même s'il s'agit surtout d'un travail de maintenance, Tony est encore bien loin d'avoir atteint son niveau plafond en terme d'adresse", assure le technicien.