1 article sur lui sorti de l'Huma (on fait ce qu'on peut^^)
JORDANE (FRANCIS) STAR DU BASKET
Sous sa houlette, la sélection française débute aujourd’hui le championnat d’Europe dans un nouvel état d’esprit Rigueur, travail et reconnaissance mutuelle sont au programme de Francis Jordane. Depuis trois ans, les Bleus ne s’en portent que mieux. Parcours.
De notre envoyé spécial à Rome.
LES cheveux dessinant un curieux « V » à l’envers sur le front, Francis Jordane rajuste souvent ses mèches pour permettre à son regard de découvrir le formidable Palaeur Stadium de Rome. Avec un nom pareil, on eût pu croire un instant que ce Catalan d’origine possédait dans son arbre généalogique quelque ascendance américaine. L’une des stars du basket américain ne s’appelle-t-elle pas Michael Jordan ? Si son illustre homonyme de la NBA flambe de mille feux sur les parquets mythiques des Etats-Unis, Jordane (Francis) vient tout juste d’émerger de l’anonymat. Joueur moyen du temps où il laçait encore ses baskets (il mesure 1,71 m), il vogua vers d’autres cieux dès 1973, en franchissant la fatidique porte séparant l’homme de terrain du technicien. Sans rechigner, il enfile tôt sa panoplie d’entraîneur intransigeant, le genre de type à éviter le plus possible quand on est un gamin de dix ans attiré par l’individualisme et les dribbles à outrance. Car Jordane a toujours été sévère avec ses joueurs qu’il entend mener à sa façon. On le comprend rapidement - une grande qualité - et pourtant il ne ressemble vraiment pas à un militaire dictant ses ordres.
« La seule chose que j’ai imposée c’est la mise en place d’une convention qui fixe les droits et les devoirs de chacun » explique-t-il. Les choses sont claires, réciproquement claires.
Adjoint de Jean Galles jusqu’en 1988 auprès de l’équipe de France A, il lui succède à la demande expresse du directeur technique national Pierre Dao, lui aussi ancien coach à ce poste et qui lui porte une grande amitié ( « Nous avons des atomes crochus, il a une grosse personnalité. Il est travailleur, ambitieux… »).
Jordane s’installe à la tête des Tricolores avec une première mission bien définie au départ : redonner une image de marque à la sélection et oublier définitivement les échecs cuisants des pré-olympiades de 1988, ou plus difficile encore tenter de brûler le spectre toujours présent de la gigantesque et ridicule rixe contre les Uruguayens à Los Angelès en 1984, qui avait soldé inélégamment leur parcours olympique.
Personne en Europe ne prenait véritablement au sérieux l’équipe de France - et c’est peu dire - tandis que Limoges et Orthez s’imposaient chez les clubs. Pour Jordane, cet anachronisme se révèle intolérable. Il s’attache donc, petit à petit, à donner envie aux joueurs de venir en sélection tout en luttant contre une morosité ambiante peu favorable à un quelconque renouveau. Dans cette compétition tout autant sportive qu’extra-sportive, le nouveau mentor du basket français a marqué des points considérables en un temps record. Le respect important qu’on accorde aujourd’hui à son équipe lui revient de droit, certains n’hésitant plus à le porter au pinacle. Joueurs mais aussi collègues parlent de lui en termes plus qu’élogieux. Etre membre à part entière du clan tricolore provoque désormais un tel plaisir qu’un Stéphane Ostrowski avoue sans hésiter : « Il y a eu un moment où rien n’allait plus à Limoges alors on éprouvait le besoin de respirer l’air frais de la sélection ». On croit rêver !
La sixième place à l’Euro 89 (déjà deux ans) marquera le rajeunissement de l’équipe. Francis Jordane entre alors dans la deuxième phase de sa mission : les résultats. S’engage alors un travail tactique où il ne commet pratiquement aucune faute, ni dans les prévisions, ni dans les décisions prises sur le vif malgré une inexpérience des rencontres à répétition. Sans jamais s’affoler, l’entraîneur mise sur l’effet valorisant pour lequel tous les joueurs veulent mouiller leur maillot.
« Avec lui on a envie de se battre », ne cesse de clamer Richard Dacoury. Et puis, il y aura cet exploit à Moscou (la première victoire française depuis 1956) où ils allaient chercheur leur qualification pour cet Euro 91 qu’ils avaient plutôt mal engagé. Le retentissement fut mondial.
Dorénavant, Jordane inspire le respect hors de nos frontières et fait l’unanimité. A l’évidence, il ne manque plus grand chose pour que l’effectif dans son ensemble bénéficie à son tour de cette gloire naissante… Sinon une quatrième ou cinquième place ici à Rome, en fin de semaine. L’objectif avoué.
Dim 24 Mai - 1:18
