Le speedy gonzales des parquets

Dimanche soir sur la Terre. Moment ordinaire au sein d’une banale famille moyenne. Les parents et les enfants sagement installés devant le poste de télévision. Des dizaines de chaînes accessibles via le satellite ou le câble. Des tonnes de programmes à se fracturer les plus costauds des neurones. Et l’éternelle question : « Qu’est-ce qu’on regarde ce soir ? ».
Pour nous, le 08.04.2007, pas de problème. Le choix coulait de source. Les Los Angeles Lakers rencontraient les Phoenix Suns au Staples Center et en plus le match était retransmis en léger différé avec les succulents commentaires de Jacques Montclar en prime. Presque la 8° merveille du monde sur la mire. Adieu les dilemmes, c’était bien mieux que tous les chefs-d’œuvre du 7° art, les documentaires à couper le souffle et les émissions hautement culturelles réunis !







Pensez donc, Kobe Bryant, Lamar Odom, Ronny Thuriaf, Smush Parker et Andrew Bynum (sans oublier Maître Zen Phil Jackson) d’un côté, Steve Nash, Boris Diaw, Amare Stoudemire, Shaw Marion, Raja Bell (on oublie toujours pas le génial coach Mike d’Antoni) de l’autre ! Et Leandro Barbosa, le soleil brésilien des Suns ! Surtout Leandro, nous, on l’attend avec joie le Speedy Gonzales des parquets !...
C’est pas qu’on les aime pas les autres, au contraire, on les adore ! Mais lui, on en est complètement fou ! Il est terrible, il fait des merveilles, mais, de surcroît, on a l’impression qu’il ne s’en rend pas compte, qu’il l’a pas fait exprès, que c’est pas lui, c’est pas de sa faute. Et on raffole de ce côté « petit garçon innocent » qui paraît s’étonner de la magie de son jeu. Leandro Barbosa c’est le Lucky Luke de la NBA, il fait tout plus vite que son ombre…



Né le 28.11.1982 à Sao Paulo, il mesure 1m91 pour 85 kg. Surnommé « Leandrinho » ou « Little Leandro », ce sympathique brésilien a été choisi en 28° position du 1° tour de la draft 2003 par les San Antonio Spurs pour être immédiatement échangé aux Suns de Phoenix contre David Lee. Dans un premier temps, il signe, le 16.07.2003, un contrat de 3 ans avec les Suns pour un montant de 2.6 millions de dollars puis, le 03.08.2006, une extension de 5 ans pour la somme de 33 millions de dollars. Belle revanche pour cet attachant joueur qui, dans son adolescence, vendait des fruits et des légumes sur les marchés afin de subvenir à l’entretien de sa famille.
Leandro Barbosa a passé 5 ans à jouer au basket à un haut niveau au Brésil avant de se présenter à la draft de la NBA. La ligue nord-américaine était le grand rêve de Leandrinho ; la porte fut ouverte par Néné qui évolue aux Denver Nuggets ; et Barbosa a suivi… Le soir de sa draft il fut tellement étonné d’avoir été choisi qu’il refusa de dormir à l’hôtel qui lui était offert et préféra se coucher dans les vestiaires… Une telle réaction peut faire sourire les plus blasés mais, à nos yeux, elle nous conforte dans l’idée combien l’âme de Barbosa, gosse issu de la misère, est demeurée innocente et, à ce moment précis, a su s’éblouir devant tant de chances inespérées qui se donnaient à lui. Rien ne lui était dû, il avait lutté pour réaliser son rêve, il avait atteint un premier palier presque de façon incroyable et il ne pouvait croire que la réalité était bel et bien ce qu’elle était. Dans sa naïveté, il la pensait sans doute fragile ou bien irréelle. En fait, Barbosa c’est aussi beau à l’intérieur qu’à l’extérieur.



Difficile pourtant d’imaginer les pensées qui se sont ensuite bousculées dans le cerveau du jeune brésilien. D’un côté, il avait gagné son ticket pour la ligue de basket la plus prestigieuse au monde mais, d’un autre, à moins de 21 ans, il se retrouvait seul, loin de sa famille, de ses racines, dans un pays dont il ne parlait pas la langue. Cela change tout. Naturellement les esprits cartésiens affirmeront que l’on ne peut posséder le beurre et l’argent du beurre. Quoiqu’il en soit, il faut admettre que peu seraient parvenu à surmonter les obstacles aussi facilement que Leandro Barbosa. Car, s’il faut généralement quelques années à la plupart des joueurs pour créer un réel impact en NBA, Barbosa a été apte à laisser ses empreintes dès sa saison de rookie.
Il a travaillé. Il a travaillé surtout dans les domaines désignés (essentiellement dans les tirs à 3 points) par son coach. Il a obéi, attendu son heure, joué seulement quelques minutes, puis plus, comme le souhaitait Mike d’Antoni. Reconnaissant, ce dernier, depuis deux saisons, lui a attribué un entraîneur particulier en la personne de son propre frère, Dan d’Antoni. Avant tout altruiste, Leandro Barbosa ne cherche pas à briller individuellement mais d’abord de perpétuellement s’améliorer et apporter de l’énergie au collectif afin que son équipe gagne.



Toutefois, force est de constater que l’anonyme remplaçant de la riche armada des Suns est devenu l’une des plus belles sensations de la saison, se dirigeant ainsi, on l’espère, vers un titre de meilleur sixième homme de la saison. Il suffit d’assister à un seul match de la franchise de l’Arizona pour se convaincre qu’ils détiennent probablement le joueur le plus rapide de la ligue. De surcroît, il est époustouflant d’admirer la fluidité de son tir, notamment à 3 points et particulièrement dans les moments chauds des rencontres.





De l’aveu de Steve Nash, Barbosa est un « joker immense » et le mois de mars pourtant ensoleillé pour l’équipe de Phoenix (9 victoires pour 12 matches), l’a été surtout grâce aux talents du brésilien qui, selon les dires de Mike d’Antoni, a été le seul à savoir faire la différence au sein d’un collectif qui ne joue pas assez dur.
En effet, la victoire sur la modeste équipe de Charlotte, le 07 Mars, fut poussive et les Suns ont bien eu besoin du record en carrière de 32 points de Barbosa pour se sortir de la situation périlleuse dans laquelle ils s’étaient engouffrés. Le sixième homme de Phoenix affiche 20.64 points et 4.43 passes de moyenne pour environ 35 minutes de jeu durant le dernier mois écoulé, ce qui révèle d’ores et déjà une belle efficacité et laisse espérer des performances monstrueuses s’il jouait plus longtemps et devenait l’option principale d’une franchise.

Mike d’Antoni est totalement conscient du potentiel de son poulain. Leandro Barbosa est physiquement hors norme car il possède une envergure de bras de 2m10 ce qui est bien supérieure à sa taille (1m91). Leonard de Vinci disait que l’homme idéal devait posséder une envergure de bras au moins équivalente à sa taille. Leandro Barbosa serait-il donc le joueur parfait avec cet avantage ?
Certains spécialistes ont noté une ressemblance physique entre Barbosa et le chanteur Usher qui, comme lui, possède de petits yeux rieurs et un visage de « bébé » orné d’un éternel sourire très « Hollywood ».


Pour notre part, le 08.04.2007, nous avons apprécié de retrouver sur les écrans ce mélange d’ être idéal et de pop star « sourire Colgate » mais pas seulement pour les raisons invoquées précédemment. Leandro a bien joué, les Suns ont gagné. Dommage pour les Lakers car notre Ronny national a fait un superbe match et nous a décollés plus d’une fois de notre sofa.
Dimanche soir sur la Terre c’est vraiment super avec la NBA et Leandro Da Vinci Usher…