Le sacre du Heat aux dépens des Mavericks n'était bien, l'an passé, qu'une parenthèse. Si l'échec de Detroit face à Cleveland prive les Finales 2007 d'une confrontation entre les deux meilleures défenses de la Ligue, les Cavaliers sont bel et bien tout autant tournés que les Pistons vers la chose défensive, le jeu sur demi-terrain ou le contrôle du tempo. Des principes de jeu chers aux Spurs, leurs modèles depuis deux ans et l'arrivée du nouveau propriétaire Dan Gilbert. Rien de plus naturel eu égard aux liens qui unissent les staffs des deux formations... Pour ce qui est des Finales entre amis, Gregg Popovich a déjà donné. Il y a deux ans, en menant les
Spurs jusqu'au titre face aux
Pistons, un triomphe des plus cruels pour
Detroit puisque les Texans ne l'avaient emporté qu'à l'issue d'un septième match resté longtemps indécis, Pop avait en effet causé la perte de Larry Brown, son meilleur ami, celui-là même qui l'avait coopté dans la franchise de
San Antonio en 1988 et qu'il accompagnait encore, l'été précédent, sur le banc de la sélection américaine lors des Jeux Olympiques d'Athènes.
Aussi peut-il bien désormais, pour ces Finales, croiser la route de Mike Brown, son homologue chez les
Cavaliers qu'il eut sous ses ordres durant trois saisons en qualité d'assistant-coach chargé de la défense (2000-03), de Danny Ferry, GM à
Cleveland après avoir fait ses classes à
San Antonio en tant que Directeur des opérations basket, ou même celle de Hank Egan, qui l'initia au coaching dans les rangs de l'Air Force en 1973 avant que les rôles ne soient inversés à la tête des Spurs à la fin des années 90...
D'ailleurs, si l'expérience plaide évidemment en faveur de de San Antonio, ces trois anciens de la maison peuvent chacun se prévaloir d'au moins un titre lors de leur passage chez les Spurs: Egan en 1999, Brown en 2003 et Ferry sur le parquet en 2003 puis dans les bureaux en 2005! Et l'entraîneur des Cavs d'expliquer, reconnaissant, au sujet du Pop:
«J'ai appris beaucoup à ses côtés et je continue à le considérer comme un mentor, comme quelqu'un qui peut m'aider si besoin.»Tout pour la défense !Cette couleur très texane des Cavaliers ne doit évidemment rien au hasard. Lorsqu'en février 2005, Dan Gilbert signa un chèque de 375 millions de dollars pour acquérir la franchise de l'Ohio, ne nouveau propriétaire des Cavs avait en effet des idées bien arrêtées quant aux modèles dont il fallait s'inspirer. Si le run and gun prôné par les
Suns ne manquait pas d'en séduire certains, le triomphe des Spurs au printemps, un an après celui des Pistons, son équipe de coeur, ne manqua pas de conforter son sentiment. Et c'est ainsi qu'après avoir longtemps songé faire de Larry Brown le nouveau président de la franchise, il nomma finalement Danny Ferry General Manager puis vit en Mike Brown le spécialiste défensif dont il avait besoin pour cornaquer
LeBron James et consorts.
A raison puisque, si l'éruption de Cleveland en Finales NBA apparaît pour beaucoup comme une surprise, la franchise de l'Ohio Cleveland peut ainsi s'enorgueillir d'être l'une des cinq seules équipes de la Ligue à avoir remporté au moins cinquante matches en saison régulière durant ces deux dernières années. Et tant pis si le jeu offensif des Cavaliers, manque de mouvement oblige, peut paraître bien frustre, ou tout du moins très limité, ses troupes se contentant pour l'essentiel de s'en remettre aux exploits de leur leader
LeBron James. Car durant ces playoffs, ni les
Wizards, ni les
Nets et ni même les Pistons n'ont su se défaire des serres des Cavaliers, composer avec leurs rotations rapides ou ce jeu de mains perpétuellement en mouvement, prêtes à gratter chaque ballon.
Et plus surprenant encore, les Spurs eux-mêmes n'avaient pas trouvé la clé lors de leurs deux confrontations en saison régulière, Mike Brown en étant désormais à trois victoires pour une seule défaite face à Popovich. Dans le sillage d'un LeBron James égal à lui-même, c'est à dire auteur de 36 points dont un dunk mémorable sur
Tim Duncan, Cleveland avait ainsi signé en novembre son premier succès à San Antonio depuis 1988.
«Ils ne sont pas en Finales par hasard, prévient d'ailleurs l'entraîneur texan,
et le plus important, c'est de bien considérer le jeu des deux équipes, pas de savoir qui ils sont.» Aussi, alors que Mike Brown a l'habitude depuis deux ans de l'appeler pour lui demander quelques conseils, pas sûr que Popovich ne décroche son téléphone...