Le real champion

La joie si inhabituelle de Fabio Capello. Voilà certainement une des images fortes de cette 38e et dernière journée de la Liga mais on aurait pu en relever tellement d'autres tant ce dimanche soir a été riche en émotions, notamment du côté de Santiago Bernabeu. Comme celle, immense, qui a envahi l'entraîneur du Real Madrid au coup de sifflet final d'une rencontre que les Merengue auront, et c'est devenu une habitude ces dernières semaines, fait basculer en leur faveur à quelques minutes du terme.

Majorque avait d'abord joué parfaitement son rôle de bête noire du Real en ouvrant la marque au quart d'heure de jeu (Valera, 1-0 17e) non sans avoir touché le montant gauche de Casillas à peine une minute après le coup d'envoi. Et pour faire monter un peu plus la pression dans les travées de l'enceinte madrilène et surtout semer le trouble dans les esprits des coéquipiers de Raul, le FC Barcelone se baladait à Tarragone.

Le double champion en titre menait 3-0 à la pause et conservait donc virtuellement son titre au moment de rejoindre les vestiaires. Mais la force des Merengue fut sûrement de ne pas se laisser envahir par les doutes d'autant qu'ils venaient de perdre Ruud van Nistelrooy sur blessure à la demi-heure de jeu. Sans leur meilleur buteur, qui trouva le chemin des filets dans chacun des sept derniers matches avant cette ultime journée, on se demandait comment le Real pourrait sen sortir.

Reyes, la revanche du mal aimé

La réponse vint de Reyes, un des joueurs lourdement chahutés par le public madrilène cette saison et qui devrait être prié de quitter la 'maison blanche' la saison prochaine. Bien servi par Higuain, qui avait remplacé Van Nistelrooy, l'ex-Gunner égalisait du plat du pied droit (67e, 1-1) avant de délivrer tout un peuple d'une merveille de pied gauche pour le 3-1 (82e). "Ça ne s'est pas passé très bien pour moi cette saison mais le plus important c'est ce qui est arrivé ce soir. C'est ce qu'il faut retenir", lâchera Reyes dans une ambiance que l'on devine dans un Bernabeu sevré de titre pendant quatre ans.

Avant l'exploit du gaucher espagnol, il y avait eu ce coup de tête rageur de Mahamadou Diarra, sans doute le but le plus important puisqu'il avait miné le moral des Majorquains. On ne voyait pas en effet comment l'autre Real pourrait contenir les assauts d'une équipe devenue euphorique. On n'oubliera pas non plus que cette victoire, si elle n'est pas volée, aura suivi fidèlement les traces des précédentes teintées d'un maximum de réussite, à l'image du but de Diarra qui bénéficia des contres du défenseur et du gardien pour trouver les filets. Qu'à cela ne tienne, le 30e titre va prendre place dans la richissime salle des trophées du Real au plus grand bonheur de Michel Salgado "On est ému car on a beaucoup souffert et on a dû faire face à une grosse pression tout au long de la saison. On mérite surtout ce titre car on a toujours cru en nous-mêmes".

La bonne étoile de Capello

Même son de cloche chez Raul, le capitaine symbole et autre rescapé de l'ère des galactiques: "Ce titre est juste. On s'est accroché pour y arriver et ce soir, la victoire et le titre sont ceux du collectif.". Un collectif malmené pendant de longues semaines. Mais il faut croire que Capello et ses hommes ont réussi à passer outre, bien aidés par la dynamique du succès: sept lors des huit derniers matches pour un nul miraculeux obtenu à Saragosse la semaine précédente.

Les joueurs du Barça ont également connu des tensions internes qui leur ont côté un petit passage à vide en avril. Mais pour dimanche, ils n'ont rien à se reprocher puisqu'ils ont surclassé Tarragone (5-1). Insuffisant hélas pour les hommes de Rijkaard, le Dieu du foot espagnol avait semble-t-il choisi son camp. Fabio Capello le sait avec la bonne étoile qui veille sur lui. Champion d'Espagne avec le Real il y a 10 ans tout juste, il avait raflé le Scudetto en 2001 avec la Roma, lors de la dernière journée, un 17 juin et en dominant Parme... 3-1.